Il est sans doute l'un des procédés les plus anciens du dessin. Jusqu'au XVe s., le dessin a été considéré avant tout comme une étape préparatoire de la création artistique. Le fusain (charbon de saule ou de tilleul), s'effaçant facilement et permettant les corrections, fut employé dès l'Antiquité par les artistes soit pour réaliser l'esquisse de compositions murales à la détrempe ou à la fresque - " Quand l'enduit est sec, prends ton charbon et commence à dessiner, compose et prends bien toutes tes mesures pour diviser l'espace " (Cennino Cennini) -, soit comme procédé d'étude sur des panneaux de buis ou de figuier recouverts d'une préparation (craie ou poudre d'os mêlées de colle de peau). Ce n'est que vers le milieu du XVIe s. qu'on entreprit des recherches pour fixer le fusain sur son support - celui-ci étant le plus souvent du papier - en le trempant dans l'huile avant usage. On en vint par la suite à immerger le dessin lui-même dans un bain d'eau additionnée de gomme arabique et, enfin, à pulvériser une solution de gomme sur le dessin ; certains dessins de l'école bolonaise du XVIIe s., fixés selon ces méthodes, se sont bien conservés.
Mais ce n'est qu'au XIXe s. que le fusain devient une technique de dessin définitif grâce à des artistes comme Delacroix, Corot, Millet et plus tard Seurat et Odilon Redon.